Une mondialisation non-régulée
La plupart des vêtements que nous achetons en France sont fabriqués à l’autre bout du monde via des filières de production complexes et ramifiées. Un jean par exemple, entre la culture du coton et la mise en vente dans nos magasins, peut parcourir 65000 km, soit une fois et demi le tour de la planète.
Dans une logique de profit à court terme, les multinationales ont délocalisé leur production vers des pays où le coût de la main d’œuvre est faible et les droits sociaux quasi inexistants. Dans ces pays, les États ouvrent leurs frontières sans demander de contrepartie. Cette mondialisation non-régulée a permis aux multinationales de multiplier leurs filiales et sous-traitants, et de s’enrichir au détriment d’une main d’œuvre bon marché et vulnérable.
Pour gagner des parts de marché, marques et distributeurs se livrent une concurrence agressive sur les prix, qui se traduit par une pression énorme sur leurs fournisseurs et sous-traitants, prêts à enfreindre la loi pour répondre aux exigences des donneurs d’ordre. Dans les ateliers de production les conditions d’hygiène et de sécurité sont déplorables et les accidents fréquents. Les ouvriers, en grande majorité des jeunes femmes, travaillent plus de 12 heures par jour, six jours sur sept, sans compter les heures supplémentaires non rémunérées. Quand ils existent, les contrats de travail respectent rarement la loi. Les travailleurs ne bénéficient bien souvent d’aucune protection sociale et touchent parfois des salaires inférieurs au minimum légal dans le pays. Ils sont embauchés ou licenciés sans formalité, en fonction des besoins de production. Harcèlement, pratiques disciplinaires et amendes diverses sont légion.
Et alors qu’il ne saurait y avoir de progrès en matière de justice sociale sans liberté syndicale ni droit d’organisation collective, de nombreux travailleurs sont encore privés de ces droits fondamentaux.
Témoignage
" Mon superviseur m’aurait passé un savon s’il m’avait trouvé assise pour quelques minutes, sur les 10 heures où je travaillais debout [...] Cela m’arrivait régulièrement de travailler de 7 heures du matin jusqu’à 6 heures le matin suivant […]." Emelia Yanti, ouvrière indonésienne.
Ce découpage n’est qu’un exemple sur un produit donné à un moment donné. En aucun cas on ne peut généraliser " X % du prix de la chaussure revient à l’ouvrier qui l’a fabriquée ".
En effet, le prix de vente de la chaussure varie en fonction du magasin où on l’achète, si elle est en solde ou non, etc. Il n’y a donc aucune proportionnalité entre le prix de vente d’un objet et le salaire d’un ouvrier. D’ailleurs, une basket est fabriquée par de nombreux ouvriers, qui occupent chacun une étape de la confection des chaussures, bien souvent éclatée entre différents pays, et ces mêmes ouvriers peuvent très bien fabriquer dans le même temps des baskets pour une autre marque. Lire la suite
Documents à télécharger
Rapport "Bienvenue dans le monde (pas si) merveilleux de Disney" - 2008 Rapport "Cash !" - 2009