La négligence criminelle des marques

Depuis l’effondrement de l’usine Spectrum, en 2005, qui avait fait 65 morts, nos organisations n’ont cessé d’alerter les marques des risques d’effondrement et d’incendies dans les usines au Bangladesh. Les drames se sont multipliés, et plus de 1000 personnes ont trouvé la mort dans des accidents liés à l’état déplorable des usines. Sorties de secours bloquées ou inexistantes, installations électriques défectueuses, bâtiments construits sur des sites non-constructibles ou non adaptés à une activité industrielle… les risques étaient connus et les accidents prévisibles et évitables.

Après l’incendie de l’usine Tazreen qui a causé la mort de 112 travailleurs-ses le 24 novembre dernier, les marques ont une nouvelle fois manqué à leur obligation de prévenir de nouveaux accidents. Elles ont fait des propositions dérisoires, totalement insuffisantes pour prévenir de nouveaux drames, alors que nos organisations les exhortaient à signer un accord de prévention, négocié avec les syndicats, et prendre ainsi l’entière mesure de leur responsabilité de donneur d’ordres.

Les marques ne peuvent plus ignorer leur responsabilité, elles doivent signer l’Accord sur la sécurité des bâtiments et la prévention des incendies au Bangladesh.

Cet accord, développé par les organisations syndicales locales et internationales et signé par Tchibo et PVH (Calvin Klein et Tommy Hilfiger) prévoit des inspections indépendantes des usines, des rapports publics, des formations et des rénovations et mises aux normes obligatoires. Il donne un rôle central aux travailleurs quant à son application et sa supervision. Il prévoit que les prix négociés par les marques avec leurs sous-traitants permettent de couvrir les besoins en matière de sécurité. Il est enfin assorti de l’obligation juridique, pour les marques qui le signent, de respecter leurs engagements.