Travail forcé des Ouïghours : une nouvelle plainte vise les géants du textile en France

Uniqlo, Zara, Bershka, Sandro… Des associations mettent en cause ces enseignes pour recel de crimes contre l’humanité, de génocide, de réduction en servitude aggravée et de traite des êtres humains en bande organisée.

Une personne travaille dans une usine de vêtements, en Chine. (Illustration) AFP/Jade Gao
Une personne travaille dans une usine de vêtements, en Chine. (Illustration) AFP/Jade Gao

    Plusieurs associations annoncent ce mercredi avoir déposé une nouvelle plainte visant des géants de l’habillement tels Uniqlo et Inditex. Elles les accusent d’avoir profité du travail forcé des Ouïghours en Chine. Un premier dossier avait fait l’objet d’un classement.

    L’association anticorruption Sherpa, le collectif Ethique sur l’étiquette, l’Institut ouïghour d’Europe (IODE) et une Ouïghoure ayant été internée dans la province du Xinjiang (nord-ouest de la Chine) visent les infractions de recel de quatre crimes : crimes contre l’humanité, génocide, réduction en servitude aggravée et traite des êtres humains en bande organisée. Cette plainte avec constitution de partie civile, déposée mardi, doit permettre d’obtenir la désignation d’un juge d’instruction.

    Un vêtement en coton sur cinq pourrait être concerné

    Les plaignants veulent mettre au jour « les éventuelles responsabilités des multinationales de l’habillement qui profiteraient du travail forcé des Ouïghours pour la fabrication de leurs produits ». Ils assurent qu’un vêtement en coton sur cinq pourrait être entaché par le travail forcé des Ouïghours ».

    Le pôle crimes contre l’humanité du Parquet national antiterroriste (Pnat) a classé en avril une enquête préliminaire ouverte en juin 2021 après une première plainte, suscitant « l’incompréhension » des plaignants. Ils reprochaient à Uniqlo France (propriété du groupe japonais Fast Retailing), Inditex (qui détient les marques Zara, Bershka, Massimo Duti), SMCP (Sandro, Maje, de Fursac…) et au chausseur Skechers de commercialiser des produits fabriqués en totalité ou en partie dans des usines où des Ouïghours sont soumis, selon ces associations, au travail forcé. Leur nombre est parfois évalué à plus d’un million.

    « Une communication éthique de pure façade »

    Les plaignants estiment aussi que ces sociétés ne justifient pas de contrôles suffisants auprès de leurs sous-traitants. Leur avocat, Me William Bourdon, espère la « reconnaissance de la compétence » de la justice française « sur le fondement du recel de crime contre l’Humanité ». « Les entreprises textiles devront rendre des comptes de s’être enrichies en connaissance de cause, au prix des crimes internationaux les plus graves, à l’envers d’une communication éthique de pure façade », a-t-il ajouté.

    À l’époque de la première plainte, les quatre groupes avaient contesté tout recours à du travail forcé. Outre ces quatre noms, d’autres grands groupes (Nike, Adidas, Shein…) sont visés par des accusations comparables.

    Les États-Unis et plusieurs autres pays évoquent un « génocide » contre la minorité musulmane ouïghoure et le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme évoque des crimes contre l’humanité. Ces accusations sont rejetées par la Chine, qui présente les centres de rééducation dénoncés par les Occidentaux comme des centres de formation professionnelle destinés à combattre l’extrémisme religieux et assurer la stabilité sociale.